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ISABELLE DE BAVIÈRE


qui n’avait été troublé que par celle dont le devoir eût dû le maintenir.

À quel point de perversité cette multitude de conspirations, toujours renaissantes, prouve qu’étaient parvenus les esprits ! et quelle femme était celle qui les fomentait toutes : celle à qui les plus infâmes trahisons, l’infanticide, le sacrilège, la dépravation, l’inceste, l’adultère, le meurtre paraissaient coûter aussi peu ! Et pourquoi donc la plume des historiens se paralyse-t-elle sur les atrocités de ce monstre ? comme si ce n’était pas un service à rendre aux hommes que de leur présenter le tableau hideux des crimes de leurs anciens chefs, soit pour leur apprendre à s’en garantir, soit pour les faire mieux jouir du calme qui suit la tempête.

Au retour du connétable tous les forfaits de sa faction reparurent ; les proscriptions, les confiscations, les arrestations redoublèrent et, de ce moment, aucun citoyen ne se trouvait à l’abri des pièges de ses ennemis : on ne lisait plus sur les figures qu’une sorte d’apathie sombre et silencieuse… triste et fâcheux résultat de la terreur et de la méfiance que l’on concevait même de ses parents et de ses meilleurs amis. On n’osait plus se visiter : se rencontrait-on dans les rues, à peine s’interrogeait-on ; on croyait n’apercevoir dans les