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ISABELLE DE BAVIÈRE


sa criminelle épouse comme un mannequin nécessaire, mais qui maintenant tout dévoué au connétable ne pouvait plus que devenir fort dangereux.

« J’ai différé jusqu’à ce moment-ci la mort de cet homme, avait-elle dit à son favori ; il ne faut plus le ménager, cette tiédeur nous serait funeste. »

Mais il est un Dieu qui permet que d’aussi monstrueux desseins se découvrent, pour que la punition des coupables serve d’exemple à ceux qui voudraient les imiter.

La femme de Michel Lallier, changeur, ayant eu connaissance de cet horrible complot, en fit part sur-le-champ au sire Bureau de Dammartin, qui sans perdre une minute en instruisit aussitôt la reine ; mais l’adroite et fine créature promptement pénétrée de l’importance du rôle que les circonstances lui imposaient devint l’égide de ceux dans le sein desquels elle allait enfoncer le poignard.

La cour se retira au Louvre et Tanneguy Duchâtel rassembla de suite tout ce qu’il put trouver de gens de guerre. Qu’on ne s’étonne donc point si ce brave seigneur, ayant cru deviner le mystère, devint, de ce moment, le plus grand ennemi de la reine.

De sévères recherches, quelques supplices et beaucoup de détentions rétablirent enfin l’ordre