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ISABELLE DE BAVIÈRE


il abandonnait à leur sort ceux qui avaient embrassé son parti. Il n’eut pas plus tôt disparu que les proscriptions recommencèrent. Le frère du fameux chirurgien de Troyes, longtemps à la tête des factieux, sut trouver sur un échafaud la digne récompense de ses scélératesses : on saisit chez lui une nouvelle liste de proscription qui condamnait à mort un nombre infini de bons citoyens. Ainsi les troubles, loin de se calmer, ne firent que changer de moteurs. Le lieu de la scène fut toujours Paris ; mais les personnages qui devaient y figurer ne furent plus les mêmes. On ne parla plus des Bourguignons, ce furent les Armagnacs, tout aussi féroces, qui reparurent. On changea les livrées du crime et elles furent toujours adoptées par ceux qui depuis longtemps, soit dans un parti soit dans l’autre, ne cessaient de se repaître d’horreurs.

Pour servir le duc de Bourgogne et ses adhérents, la reine n’avait rien de mieux à faire que de rester à la cour, où elle pourrait prévenir ou maîtriser le flux et le reflux de événements toujours renaissants. Le mariage de Louis de Bavière, son frère, devint un prétexte légitime à l’espèce de neutralité qu’elle eut l’air de garder pour lors.

Ce mariage fut célébré avec toute la pompe que les circonstances permettaient : il y eut des fêtes, et des tournois où parut le bon Charles, toujours