sa conduite : le dauphin, justement irrité, tire sa
dague pour l’en frapper, et l’eût infailliblement
renversé, sans la cotte de mailles dont était couvert
ce brigand. Le duc de Bourgogne paraît et rétablit
l’ordre, mais en se gardant bien de blâmer Jaqueville.
Ce comble d’insulte décida le dauphin à traiter
de suite avec d’Orléans. Le résultat de ces négociations
fut le projet d’une assemblée à Pontoise,
à laquelle le duc de Bourgogne fut invité : il y vint
dans l’appréhension où il était qu’on ne démêlât sa
conduite souterraine. Il était persuadé d’ailleurs
que le dauphin, retenu par le peuple, ne pourrait
y venir, et que toutes les apparences de paix
seraient aussitôt évanouies que conçues : tout
allait pourtant s’arranger lorsque la reine ayant
secrètement réuni les chefs de son parti leur parla
de la manière suivante :
« Braves soutiens de la bonne cause, leur dit-elle, pourriez-vous être un moment la dupe de ce qu’on trame aujourd’hui contre nos intérêts communs ? La dernière fois que je vous rassemblai, je vous le fis sentir ; mais aujourd’hui les dangers croissent à un point qui doit fixer toute notre attention.
« Ce projet de pacification imaginé, désiré par le dauphin, n’est dû qu’à l’humeur que lui donna dernièrement l’exécution des ordres donnés à Jaqueville, commandant de Paris.