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ISABELLE DE BAVIÈRE


de celui, qu’avec de telles amorces, elle avait fait tomber sous ses coups.

Le jeune prince rempli de cette noble confiance, partage des belles âmes, croyant trouver de la franchise où il n’y avait que de l’art, et de l’amour où il n’y avait que de la fausseté, céda comme les compagnons d’Ulysse aux sirènes, qui ne les attiraient que pour les perdre. Les grâces que le dauphin fit accepter au duc d’Orléans prouvèrent que personne n’avait dû être longtemps la dupe de tout ce qui venait de se faire, et les deux partis désabusés reprirent bientôt, avec leurs premières impressions, tout ce qu’elles pouvaient inspirer de méchanceté chez les uns et de méfiance chez les autres.

Des Essarts, dont nous venons de voir les torts envers le duc Jean, tâcha de gagner les bonnes grâces du dauphin, mais la reine avait juré sa perte, et ce fut cette fausse démarche qui en précipita l’instant : nous y reviendrons.

Tout annonçait une nouvelle rupture : on ne rendait point aux Orléanais les biens qu’on leur avait pris ; le duc de Bourgogne et la reine, qui jouissaient de la plus grande partie de ces dépouilles, avaient trop d’intérêt de les conserver pour en presser la remise. Les déprédations de l’intérieur étaient les mêmes et le mal, en un mot,