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ISABELLE DE BAVIÈRE

Ce fut donc par ce puissant ressort de la politique la plus raffinée que le duc, d’un côté par l’alliance qu’il venait de faire avec l’Anglais, de l’autre par les chaînes dont il entourait Charles VI, trouva le secret d’avoir les deux monarques pour lui.

Mais quelque adroit que fût le Bourguignon, jamais sans le secours d’Isabelle il n’eût assurément réussi dans cette double entreprise, du fruit de laquelle les deux traîtres allaient jouir, lorsque la défection des milices flamandes, forçant le duc à quitter un instant la partie, laissa le champ libre aux Orléanais qui en profitèrent aussitôt pour marcher vers Paris. La reine venait d’y entrer, convaincue que sa présence auprès du roi rendrait à son protégé toute la force que venait de lui enlever le choc inattendu des circonstances. En cela consistait son unique objet, sans doute, et non pas à se rattacher au parti d’Orléans, comme ont encore osé le dire d’ignares historiens. D’ailleurs la reine joignait trop d’esprit à la fermeté de son caractère, pour ne pas sentir qu’une conduite versatile la perdrait infailliblement. Cependant, disent ces compilateurs mal instruits, la présence de la reine à des Conseils Orléanais déplut tellement au parti bourguignon qu’on la retint captive dans son propre palais.