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ISABELLE DE BAVIÈRE

Tout le profit de cette aventure resta donc au duc de Bourgogne, et ici nous demanderons encore une fois s’il n’est pas démontré que jamais Isabelle n’eût réussi dans cette négociation, si Valentine eût encore vécu. Il était donc essentiel qu’elle mourût : or, peut-il y avoir loin de la nécessité à l’effet, dans une tête aussi malheureusement organisée que celle d’Isabelle ?

Mais tout cela devait-il durer ? et le fou du duc de Bourgogne avait-il tort quand il prétendit que cette négociation n’était qu’une paix fourrée[1].

Charles, tranquille en apparence, revint à Paris ; le duc de Bourgogne ne tarda pas d’y rentrer publiquement. Ainsi que la reine tous deux furent parfaitement reçus par le peuple ; et l’intimité des liaisons d’Isabelle avec le duc de Bourgogne, qui depuis longtemps n’avait lieu que par des voies secrètes, put maintenant se suivre avec plus de facilité. Mais quelques événements ayant mis cette

  1. On sait que dans ces temps barbares les grands seigneurs étaient dans l’usage d’avoir des fous pendant leurs repas. Quelle idée doit-on se faire des mœurs d’un siècle où des hommes peuvent rire des infirmités de leurs semblables ! et quelle insolence de s’amuser d’un fou, sous le règne d’un prince aliéné lui-même ! Cette cruelle coutume ne cessa qu’au commencement du règne de Louis XV. Le comte d’Eu fut le dernier des princes qui eût encore un fou à son service.