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ISABELLE DE BAVIÈRE


devinrent que plus ardents à le protéger s’il venait. Tout se prononça pour lui : des écrits, des placards se multiplièrent dans les rues ; dans les promenades, on n’entendait que son nom retentir au milieu des éloges.

Tout allait au gré des désirs de cette femme perfide lorsque sa sordide avarice lui fit commettre une faute grave.

Au lieu de diminuer les impôts, elle les augmenta et les plaintes devinrent très vives.

Mais entrons un moment dans l’esprit d’Isabelle. Une manière différente d’agir eût peut-être mis son secret trop à découvert. Cette femme, singulièrement dissimulée, crut peut-être devoir perdre un peu dans l’opinion du peuple, pour que le duc y gagnât davantage : cette manière de voir est vraisemblable, mais les suites en pensèrent devenir funestes à celle qui l’avait adoptée. Ce qui paraît néanmoins appuyer notre opinion sur cela, c’est que ce moment de défaveur lui servit de prétexte pour faire entrer dans Paris les troupes dont elle était bien aise que la capitale fût remplie si le duc de Bourgogne y paraissait, comme elle ne devait pas en douter ; et ce qui prouve encore mieux ce que nous venons de dire, c’est que plusieurs amis de la maison d’Orléans pensèrent être massacrés.