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ISABELLE DE BAVIÈRE


et qui en était encore à supposer à la reine un grand éloignement pour le meurtrier de Louis, pensa tout perdre par une prévenance hors de saison : il offrit des troupes à Isabelle pour favoriser son retour. Quel embarras pour cette princesse ! refusait-elle ? tout se dévoilait ; acceptait-elle ? cette démarche pouvait la brouiller avec Jean. Se fiant donc à sa profonde adresse, elle prit le parti d’accepter.

« De puissants motifs dont je vous rendrai compte, écrivait-elle au duc Jean, m’ont contrainte d’accepter les troupes du duc de Bretagne : paraissez craindre cette approche, et profitez de ce temps pour vaquer aux affaires de Jean de Bavière qui vous appellent à Liège. Mon premier soin en arrivant à Paris sera de congédier les Bretons ; vous reviendrez et nous continuerons de tout conduire. Il nous sera d’abord indispensable de feindre un raccommodement, et nous pourrons toujours en imposer à la crédulité du peuple. »

Plein de confiance dans celle qu’il aimait, le duc fit tout ce qu’on lui prescrivait et la reine rentra dans sa capitale au milieu du plus somptueux cortège, entourée des princes et escortée des troupes bretonnes qu’elle congédia sur-le-champ, sous le prétexte que le séjour de ces troupes déplairait aux Parisiens ou nuirait à leurs privilèges ; et se faisant