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ISABELLE DE BAVIÈRE


« Qu’est ceci ? dit Louis encore en désordre. — Monseigneur, dit Schaz de Courtheuze, valet de chambre de Charles, et l’un des conjurés, de par le roi, Monseigneur, le roi vous mande que sans délai veniez devant lui, et qu’il a à parler à vous hâtivement, et pour chose qui grandement touche à vous et à lui, qui est moult pressée. — Schaz, sais-tu ce que c’est ? — Non Monseigneur, je l’ignore, mais Sa Majesté m’a dit de vous hâter. — Allez… allez, beau-frère, dit la reine, je vais vous attendre jusqu’à matines, vous reviendrez me dire ce que vous veut le fou. »

Le duc sort, demande sa mule. Il était huit heures du soir[1] ; la nuit extrêmement sombre ; il s’élance sur sa monture, seulement accompagné de deux écuyers, montés sur le même cheval et que précédaient trois valets portant des flambeaux. Ils passent tous par la porte située dans la rue Barbette et dont les vestiges, ainsi que nous dit Bonamy, se voyaient encore il y a peu de temps. Les autres domestiques qui avaient accompagné Louis chez la reine ne se pressèrent pas de le suivre, Isabelle leur ayant dit que le duc allait revenir. Louis était sans chaperon, vêtu d’une houppelande de damas noir fourrée de martre ; tenant d’une main la pomme de sa selle, badinant

  1. Et cependant il avait soupé, l’usage d’alors étant de dîner à onze heures et de souper à six.