même : là, nous dit Bois-Bourdon qu’elle avait
fait cacher dans un cabinet voisin, n’osant pas,
disait-elle, rester seule dans cette circonstance, là
cette perfide créature s’entretint familièrement
avec la victime déjà courbée sous le fer des bourreaux,
qu’elle excitait contre elle. « Beau cher sire,
dit-elle à Louis, je ne sais pourquoi j’ai l’esprit très
noir aujourd’hui[1]. Le raccommodement avec
votre cousin est-il bien sincère ? — Assurément.
— Oui, de votre part je le crois, votre candeur est
si reconnue, mais de la sienne, bel ami ? Vous
n’empêcherez pas celle qui vous aime de trembler
pour vos jours. Oh ! mon cher Louis, cet homme
est plus faux, plus entreprenant, plus vindicatif
que vous. Pourquoi lui avoir montré ce portrait ?
Cher duc, vous aviez donc une autre amie qu’Isabelle ?
vous m’immoliez tout à votre aise, moi qui
vous aimais tant ! avez-vous de semblables reproches
à me faire ?… » Et Bourdon assure qu’ici
le duc sollicita son pardon… il l’obtint… il l’obtint
près de la maison où s’aiguisaient les armes avec
lesquelles on allait lui prouver la sincérité de ce
pardon !… Il était à peine accordé, dit le favori,
qu’un grand bruit se fit entendre dans les pièces qui
précédaient celle où se tenaient les deux amants.
- ↑ Voyez fo 8, 7e liasse.