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ISABELLE DE BAVIÈRE


plus douces consolations du navigateur abordant au port est de tourner ses yeux humides de larmes sur les écueils dont le ciel sut le garantir.

Le duc de Bourgogne assuré de la reine et parfaitement instruit par elle, ne songea plus qu’à l’exécution. Dix-huit scélérats à sa solde, commandés par Raoul d’Octonville, homme couvert de crimes et noté d’infamie[1], se cachèrent dans une maison qu’on acheta exprès dans la vieille rue du Temple, en face de l’hôtel de Rieux, distinguée par deux niches dans l’une desquelles était une Vierge, et qui, d’après cela s’appelait maison de l’image Notre-Dame. Ces préparatifs se firent avec un tel mystère que celui contre lequel ils étaient dirigés n’en eut aucune connaissance, quoique les conjurés y restassent six jours, eux et leurs chevaux, ne sortant jamais que la nuit.

Le duc Jean, dans l’âme duquel la reine avait fait passer tout le venin de sa fausseté et de sa perfidie, feignit de se prêter avec son cousin à une parfaite réconciliation, ménagée par le duc de Berri, leur oncle. En conséquence, le dimanche 20 novembre, il conduisit les deux princes aux Augustins, où ils consacrèrent le serment de leur réunion, en entendant la même messe et commu-

  1. Il avait à se plaindre du duc d’Orléans, qui venait de le destituer d’un emploi de finances dont il abusait.