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ISABELLE DE BAVIÈRE

Ce fut néanmoins dans la capitale que toutes ces précautions furent prises. Le duc de Bourgogne se retira dans son hôtel d’Artois, qu’il fit fortifier ; le gouvernement de la Bastille fut donné à Montagu, quoiqu’il fût du nombre de ceux qui avaient accompagné le dauphin dans sa fuite ; on laissa le soin du jeune prince au duc de Berri. Les chaînes et les armes furent rendues aux Parisiens ; vingt-cinq mille hommes entrèrent dans la ville, et tout, en un mot, tout prit dans cette malheureuse cité et dans ses environs cette teinte de factions et de terreur qui ne présageait que trop à quel degré l’ambition d’une femme atroce et l’inimitié qu’elle fomentait entre deux grands coupables allaient plonger les malheureux Français dans l’infortune et dans le sang.

On tint conseil : Jean de Bourgogne protesta qu’il n’avait en vue que le bien de la France, qu’il offrait ses trésors et ses troupes pour en convaincre, et parla avec plus de sérieux que de franchise du besoin d’une réforme générale dans toutes les branches de l’administration.

La reine et d’Orléans de leur côté se fortifièrent dans Melun. Déjà, vingt mille hommes rassemblés sous les ordres de Louis, toujours lieutenant-général du royaume, s’avançaient vers Paris en s’emparant de tous les villages circonvoisins. On allait en