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ISABELLE DE BAVIÈRE


Michelle, quatrième fille de la reine. Cette double alliance conclue, il demanda dans le Conseil une place qu’il devenait impossible de lui refuser. Dès lors, il se crut en droit de prétendre au gouvernail de l’état et de faire déterminer dans le Conseil tout ce qui pourrait favoriser ses cruelles vues.

Isabelle ne tarda pas à sentir à quel point il lui devenait utile de ménager un tel homme, et que ce qu’elle avait de mieux à faire, en cette occasion, était de laisser flotter son opinion entre ces deux princes, afin de fixer irrévocablement à elle celui des deux qui lui paraîtrait le plus capable de la bien servir.

Si la délicatesse pouvait s’allier dans le cœur d’Isabelle avec le crime et l’infamie, ses liaisons avec le duc d’Orléans eussent assurément dû la retenir au parti de ce prince ; mais l’amour n’a point d’empire sur les âmes atroces ; on le nourrit s’il peut être utile, on le sacrifie s’il est capable de nuire.

Isabelle était trop fine pour que d’Orléans pût s’apercevoir de son changement. Elle avait ce prince, parce qu’elle lui avait reconnu un degré de dépravation qui le rendait digne de partager ses crimes ; mais d’après ses systèmes, elle devait préférer le duc de Bourgogne dont l’esprit plus énergique ouvrirait à ses désirs et à son ambition