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ISABELLE DE BAVIÈRE

Pour l’affermir irrévocablement, Isabelle fit déclarer à son mari que dans le cas où il viendrait à mourir, son fils aîné serait aussitôt reconnu souverain, sans qu’il eût aucunement besoin de régence, mesure inutile, moyennant que le roi remettrait à la reine la garde et le gouvernement absolu de ses enfants. Alors n’est-elle pas régente sans cri avoir le titre ? et ne devenait-il pas pour ce moment très peu nécessaire de le lui conférer, encore moins de le donner à d’autres, puisqu’elle en remplissait toutes les attributions ?

Il était impossible de rien imaginer de plus adroit et de mieux fait pour concentrer tous les pouvoirs dans la personne de la cour la moins faite pour en être revêtue.

Cependant, le faible Charles consentit à tout, et d’Orléans qui régnait bien plus que son frère, quand sa maîtresse tenait le timon de l’empire, se garda bien de le retirer d’une main si chère, mais comme les désirs d’une femme telle qu’Isabelle ne s’assouvissent jamais, elle obtint bientôt de plus sûrs moyens de disposer de tout et de neutraliser la vaine puissance du duc de Bourgogne. Ce fut la faculté d’anéantir et même de révoquer les donations que le roi avait faites, ou pouvait faire par la suite. Charles ne sentait pas à quel point ces usurpations le liaient et à quel point il se trouvait