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ISABELLE DE BAVIÈRE

Dès lors, cet agent qui réunit tout, qui imprime tous les mouvements, ne sera-t-il pas le plus cher, le plus respectable objet de toutes les portions de sensibilité qu’il a placées dans nous ?

Cette réflexion est nécessaire dans un ouvrage où nous avons tant de malheurs à peindre, et par conséquent un besoin aussi essentiel de convaincre que la main qui nous écrase est la même que celle qui nous rend la prospérité, ainsi qu’elle rend à l’univers, dans des périodes fixées, le foyer de lumières qu’elle lui ravit quelques heures, parce que tout est utile dans un monde où la grandeur de l’ouvrier n’est admirablement démontrée que par cette harmonie céleste qui ramène nécessairement tout à lui.

Dans tout ce qui se faisait à la cour, dans tous les partis qui s’y pressaient, on commençait à voir naître les germes de la haine qui devait bientôt diviser les ducs de Bourgogne et d’Orléans. Ce dernier, jaloux de l’autorité qu’usurpait chaque jour son oncle, ne dissimulait plus son chagrin. La reine dirigeait et partageait tous ses sentiments sans doute ; mais cela suffisait-il pour contrebalancer le crédit immense de l’oncle du roi…, d’un prince, en un mot, possesseur de si grandes richesses, et par conséquent entouré de partisans, puisqu’il n’est que trop vrai que les hommes s’attachent toujours à la fortune ?