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ISABELLE DE BAVIÈRE

« Il serait, je le sais, des moyens plus prompts, disait-elle à son favori ; mais, indépendamment des conséquences, que nous avons reconnues, j’ai remarqué qu’il valait mieux que cet homme vécût encore quelque temps ; Louis et moi avons besoin de ce fantôme ; laissons faire celle qui me représente. » En conséquence on avait accablé cette fille de biens. Elle avait une maison à Créteil, une autre à Bagnolet, et quand pour combler son impudence, elle eut donné une fille au roi, on lui assigna pour dot la terre de Belle-Ville en Poitou.

De semblables turpitudes eurent lieu sous un règne plus rapproché de nous, on le sait ; mais ces criminelles complaisances furent l’ouvrage de la maîtresse d’un souverain, jamais de son épouse. L’histoire n’offre aucun exemple d’une aussi horrible prostitution exercée par des reines ; fières de leur dignité, aucune ne l’avilit d’une aussi indigne manière.

Toujours dans les perfides intentions que nous venons d’observer dans l’âme d’Isabelle, deux moines arrivèrent de Guyenne, envoyés, dirent-ils, par le maréchal de Sancerre. L’un s’appelait Pierre, l’autre Lancelot ; tous deux possédaient, disaient-ils, des moyens sûrs de guérir le roi : on eut l’air de le croire, et ils furent en conséquence