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ISABELLE DE BAVIÈRE

Un nouveau motif vint consolider ces résolutions. Anne de Luxembourg, fille de l’empereur Charles IV, mourut, et dans ce moment on ne vit plus d’obstacles au mariage si désiré par la reine, entre le roi d’Angleterre et l’une des filles d’Isabelle.

Il est très essentiel, ici, de ne perdre de vue aucune des manœuvres de cette femme adroite. Ce n’était nullement le bien que la paix pouvait faire à la France qui faisait l’objet de ses désirs, mais l’ambition démesurée de réunir ces deux grandes puissances, dans l’espoir où elle était de les gouverner toutes deux, et d’attirer pour en venir là l’époux de sa fille dans un pays où sûrement il porterait un jour la couronne.

Que l’on observe ici à quel point se ressemblaient tous les moyens qu’employait cette femme.

Le fantôme de la forêt du Mans, le charlatan de Guyenne, les rêves de l’ermite Robert, ne sont-ils pas de la même couleur ? tout cela ne part-il pas de la même main ? Et n’est-il pas l’ouvrage du même esprit ? Il faudrait terriblement s’aveugler pour résister à l’évidence de ces faits, ou se dégrader par une timidité qui déshonorerait à la fois, et l’écrivain pusillanime qui la prendrait pour excuse, ou le lecteur peu réfléchi qui l’adopterait.