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ISABELLE DE BAVIÈRE


elle était devenue sa maîtresse : il l’aimait, et jamais il ne la repoussa.

Les soupçons sur Valentine se trouvant écartés, on finit par croire à la cour que les seules causes de l’égarement du roi venaient de la conduite que l’on observait avec lui, ou du peu de soins qu’on lui donnait. En conséquence, la reine fit venir à grands frais du fond de la Guyenne un fameux charlatan dont l’extérieur était aussi piteux que la science était vaine.

Cet homme assura qu’il rendrait la santé au roi, et que cela lui était d’autant plus facile, qu’il possédait un livre qu’il appela Simagorad, par le moyen duquel il était sûr de maîtriser l’univers entier. Adam, prétendait-il, avait reçu ce livre de Dieu, cent ans après la mort d’Abel, pour le consoler de la perte de ce fils bien aimé ; et ce fut avec ces contes puérils que, parfaitement soudoyé par la reine et par d’Orléans, ce maladroit imposteur trouva le secret d’amuser fort longtemps le monarque et toute sa cour.

Ce ridicule expédient n’ayant rien produit, on employa les vœux, les prières, les changements d’habitation. Tout fut inutile, et jusqu’à la fin de ses jours, ce prince infortuné n’offrit plus qu’un simulacre d’autorité, dont, toutes réflexions faites, profitaient bien plus à l’aise, que s’il eût cessé