son office, dont fut pourvu Philippe d’Artois,
comte d’Eu, gendre du duc de Berri. On envoya
en Bretagne lui redemander l’épée du connétable ;
mais on ne put jamais parvenir jusqu’à lui, et,
comme on ne rapporta ni sa démission ni son
épée, il protesta contre la nomination qui venait
d’être faite ; ce qui n’empêcha pas le titulaire
d’exercer et encore moins Clisson de renouveler
ses protestations contre l’usurpateur.
Ici la politique d’Isabelle et du duc d’Orléans a quelque besoin d’être encore expliquée.
Il est sûr que pendant la disgrâce du connétable et lors du projet de faire la guerre en Bretagne, d’Orléans fit assurer Clisson de ses secours et de sa protection. Comment le parti qui lui était le plus opposé s’offrit-il néanmoins à lui être utile ?
Nous ne pouvons, dans ce dédale, tirer de lumières que de la procédure de Bois-Bourdon[1]. Ce seigneur a dit dans ses réponses qu’ayant fait cette objection à la reine, cette princesse lui avait répondu :
« Beau doux ami, tu n’es point encore maître ès-arts en politique : sache qu’on ne perd jamais mieux les gens qu’en ayant l’air de leur être utile. C’est par fausseté que Louis paraît servir Clisson ;
- ↑ 3e liasse, fo 7.