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ISABELLE DE BAVIÈRE


suggère cette négligence ! on ne lui demande pas même qui il est ; il semble qu’il n’ait fait que ce qu’il devait faire, et que sa mission remplie, on devait l’abandonner à lui-même.

À peine est-on sorti de la forêt que le page qui portait la lance du roi la laisse imprudemment tomber sur la tête de son camarade. À ce bruit Charles croit reconnaître la vérité de ce que vient de lui dire le fantôme ; il s’écrie qu’il est entouré de traîtres, et mettant l’épée à la main, il se jette impétueusement sur tout ce qui l’environne… quatre gens de sa suite tombent sous ses coups. Le duc d’Orléans court à son frère pour le désarmer ; mais le duc de Bourgogne l’en empêche : « Prenez garde, crie-t-il à son neveu, il va vous tuer vous-même. » En ce moment, Martel, gentilhomme normand, et chambellan du roi, saute légèrement sur la croupe du cheval de son maître, lui saisit les bras, pendant qu’on le désarme et qu’on le fait descendre pour le transporter au Mans, dans une charrette attelée de bœufs, que le hasard fait rencontrer là. Il était sans connaissance. « Retournons tous à la ville, disent les princes ; la campagne est finie. » L’ordre de rétrograder se donne à l’instant, et quand le roi arrive au Mans, l’état dans lequel il est fait craindre pour sa vie. On le crut empoisonné ; le