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ISABELLE DE BAVIÈRE


contraire était également à son avantage : car le marquis de Craon était un homme dangereux pour ceux qui l’employaient ; on en avait la preuve dans la trahison qu’il avait faite au duc d’Anjou. Ainsi, et absolument comme la reine, le duc de Bretagne gagnait à ce crime, quelle que pût en être l’issue.

Isabelle n’eut pas plus tôt admis ces résolutions qu’elle en fit part, d’abord à son favori Bois-Bourdon qui les approuva, ensuite au duc d’Orléans avec lequel elle continuait de vivre dans la plus grande intimité ; et, persuadée que l’association d’un tel complice ne pouvait qu’être très utile à l’accomplissement du crime qu’elle projetait, elle fit envisager l’aventure au duc, sous le double rapport que nous venons d’observer. Elle lui promit le partage des biens de l’une ou de l’autre de ses deux victimes ; et d’Orléans, séduit par les richesses dont on flattait sa cupidité, non seulement goûta le projet, mais s’offrit même à le servir de tout son pouvoir.

Isabelle aussitôt le rapproche du marquis, assiste à leurs délibérations, les dirige, les encourage, et de ce moment il est convenu que d’Orléans, mêlé parmi les assassins, fera, s’il le peut, tomber lui-même sous ses coups le malheureux, dont les biens le tentent. Quel calcul ! il est