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ISABELLE DE BAVIÈRE


puisqu’il atteignait l’innocence, mais qu’excusait néanmoins l’atrocité du crime que le monarque avait promis de venger.

Aussitôt que l’on sut la retraite de Craon, Charles envoya le réclamer près du duc de Bretagne, dont la réponse négative et peu mesurée engagea le Conseil à porter aussitôt la guerre dans ses états.

Tout le monde ne s’accordait pas à trouver le crime du marquis aussi grand qu’il était. Clisson avait beaucoup d’ennemis à la cour : on lui reprocha ses grands biens, on l’accusa de rapacité, et surtout ceux qui le voyaient en possession de ce qu’ils auraient bien voulu s’approprier eux-mêmes, tels que les ducs de Berri et de Bourgogne[1].

C’est ici que nous devons éclairer nos lecteurs sur la véritable instigatrice de ce délit, et faire voir qu’elle n’agissait bien sûrement que par les mêmes motifs, dont se servaient pour déprimer Clisson les envieux de sa fortune.

On se souvient qu’elle s’était d’abord brouillée avec Craon, quand celui-ci eut abusé de la confiance du duc Louis, son amant. On doit se rappeler de même son raccommodement avec ce

  1. 2e liasse, fo 4.