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ISABELLE DE BAVIÈRE


Fuyant à toute bride, il gagna Sablé, l’une de ses places sur les confins du Maine et de la Bretagne : ce fut là qu’il apprit que Clisson n’était pas mort. Dès lors ne se croyant plus en sûreté dans son château, il se réfugia chez le duc de Bretagne, qui se moqua de lui, et lui reprocha d’avoir manqué une aussi belle occasion de se venger. « Monseigneur, dit-il au duc, il faut que le diable s’en soit mêlé, car mes gens l’ont percé de plus de soixante coups. — Il vous reste donc deux grands torts, répondit le duc, celui de l’avoir attaqué, et celui bien plus grand de l’avoir manqué. »

Le procès de Craon fut fait avec toute la rigueur des lois. Son hôtel fut rasé ; on en destina le terrain à un cimetière ; c’est celui qui porte aujourd’hui le nom de Saint-Jean. La rue de Craon qui bordait son hôtel fut appelée rue des Mauvais-Garçons, nom qu’elle porte encore aujourd’hui. Ses biens furent confisqués, le duc d’Orléans en eut une grande partie. On rasa, comme son hôtel, toutes les maisons qu’il avait habitées. Assister à toutes ces exécutions devenait une manière de faire sa cour ; mais l’adulation se pardonne quand elle porte le caractère d’un hommage à la vertu.

Jeanne de Châtillon, femme du coupable, ainsi que sa fille unique furent chassées presque nues de leur maison ; traitement bien cruel sans doute,