conduite de Craon en fournissait beaucoup. L’impudent
marquis fut disgracié. Ayant été, comme
nous l’avons dit, chargé de quelques négociations
de la part de la reine, près du duc de Bretagne,
ce fut dans les états de ce prince qu’il courut se
chercher un asile. Le duc instruit se garda bien
d’éclairer Craon ; mais le trouvant très propre à
servir sa vengeance sur le connétable, il lui persuada
que c’était au seul Clisson qu’il devait ses
malheurs ; le marquis le crut ; on saura bientôt ce
qui en résulta.
Au reste, rien d’adroit comme le change, que le duc en cette occasion sut donner au malheureux Craon ; car il armait par ce moyen, l’un contre l’autre, deux ennemis puissants de la reine, du duc d’Orléans et de lui. Il est peu de politique et plus sombre et plus souple, puisque le duc se ménageait par là de raccommoder, quand il le voudrait, Craon avec la reine, et de se conserver ainsi un agent toujours sûr de son intelligence avec cette princesse. Au reste, il était probable que celle-ci pardonnerait au marquis, dès qu’en fait, il n’avait rien dérangé par ses indiscrétions, et qu’il avait bien servi, en s’armant, comme on va le voir, contre Clisson bien autrement dangereux que lui.
Tout ce qu’on vient de dire se ménageait à