Page:Sade - Dorci, ou la Bizarrerie du sort, 1881.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 49 —


point un homme, vous êtes la Divinité même descendue sur la terre pour secourir l’infortune. Ah ! que pouvons-nous faire pour vous ? Ordonnez, monsieur, ordonnez et permettez-nous de nous consacrer éternellement à votre service. — Je vais en exiger un à l’instant, ma chère Annette, dit Paul… Je me suis perdu ; j’ignore la route qu’il faut tenir pour me rendre chez moi ; daignez me servir de guide une ou deux lieues, et vous vous serez acquittée de ce bienfait, auquel votre âme douce et sensible met plus de prix qu’il n’en mérite. »

On imagine aisément comme Annette vole à l’instant au désir de son bienfaiteur. Elle le devance, elle le met dans la route, elle chante ses louanges pendant le chemin. Si elle s’arrête un instant, c’est pour arroser de larmes les mains de celui qui la protège, et Paul, dans cette douce émotion que nous donne le charme d’être aimé, goûte un échantillon du bonheur céleste, et se trouve un Dieu sur la terre.

4