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était un malade, le trait clinique fondamental de sa maladie est encore aujourd’hui impossible à saisir, et la pathologie s’arrête avec nous, en ce cas, dans les domaines un peu vagues de l’analyse psychologique. Remarquons tout d’abord, dans cet ordre d’idées, que la folie du marquis de Sade fut rigoureusement localisée. Dans tous les rapports qui n’intéressent pas le sexe, il se montra inoffensif, et parfois même, comme nous l’avons vu, humain et généreux. On l’a comparé au maréchal de Raiz ; c’est très injuste. Raiz commit réellement des mutilations lubriques ; Sade, qui ne fit qu’en raconter, ce qui est déjà beaucoup trop, ne lacéra jamais des enfants ou des femmes. L’indécente flagellation de Rose Keller et les pastilles offertes aux filles de Marseille sont des actes très mauvais, mais qui n’atteignent pas à l’atrocité des mutilations dont Néron fut soupçonné et Raiz convaincu. Je sais bien que ces deux faits d’Arcueil et de Marseille, qui ne devinrent publics que grâce à des circonstances particulières, en font raisonnablement supposer d’autres tout aussi détestables, mais il est certain que la folie de Sade n’alla jamais jusqu’au meurtre. Quand cette folie