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sonniers enfermés par lettres de cachet, délivra le marquis de Sade. Sa belle-mère, en apprenant qu’il était libre, se contenta de dire : Fasse le ciel qu’il soit heureux !

Il avait vécu en trop mauvaise intelligence avec l’ancien régime pour n’être pas partisan du nouveau. D’ailleurs, les révolutionnaires l’accueillaient avec enthousiasme, comme une victime de la tyrannie. Sa longue captivité lui valut des honneurs municipaux. Secrétaire de la société des Piques, il usa de son influence avec une douceur qu’on n’eût point attendue d’un être dénaturé par un si furieux érotisme. Pendant la Terreur, il se montra humain et s’employa à sauver son beau-père et sa belle-mère de qui il se savait haï et méprisé, et qui ne l’avaient point épargné. Sa bienveillance et son nom le rendirent suspect. Accusé de modérantisme, il fut emprisonné aux Madelonnettes, d’où la réaction thermidorienne le tira plus fou que jamais, car la guillotine, sur la place de la Révolution, et les nudités provocantes du Palais-Égalité, pendant la fièvre de la Terreur, n’étaient pas des spectacles propres à le guérir de sa monomanie.

Le Directoire, pendant lequel il fit, pour vivre,