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NOTES SUR M. DE SADE

Tout se passa ainsi pendant plusieurs années, durant lesquelles, il faut bien le dire, certains esprits moroses trouvant que, pour sa destination, la maison de Charenton était conduite avec un peu de légèreté, adressaient de temps en temps des rapports au ministre de l’Intérieur ; mais ces mémoires ou rapports n’arrivaient jamais à leur destination.

En 1812 ou 1813, il arriva qu’un officier de cavalerie, dont je ne saurais désigner le régiment, ayant été envoyé à l’école d’Alfort pour étudier l’hippiatrique, s’était lié avec un homme remplissant des fonctions honorables dans la maison de Charenton depuis son organisation. Un projet de bouleversement de cette maison fut ourdi par les deux hommes. Le premier, qui avait toute liberté d’accès et de parcours dans l’établissement, y observait avec sagacité, mais aussi peut-être avec un peu de malveillance, les différentes branches de l’administration : finances, économat, et tout ce qui s’y rattache, moralité, etc. Aidé de documents qui lui étaient donnés par le second, il fit bientôt un mémoire fort long et fort détaillé, lequel, n’ayant pu être soustrait en route, fut mis sous les yeux du ministre de l’Intérieur qui était, je crois, M. de Montalivet.

Je ne mentionne ici ce rapport que pour ce qui regarde la constitution morale de la maison de Charenton. Les mœurs y étaient fort légères et, à ce qu’il paraît, tant soit peu décolletées ; ce n’était, comme nous l’avons dit,