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NOTES SUR M. DE SADE


vue dans ma jeunesse. M. de Coulmiers, ancien supérieur des Prémontrés et ex-membre de l’Assemblée Constituante, homme influent par son esprit et par ses hautes relations, ayant obtenu que la maison de Charenton, dirigée autrefois par les religieux de la Charité de Paris, fût mise à sa disposition pour être érigée en établissement d’aliénés, eut bientôt à recevoir ceux qui restaient encore à l’Hôtel-Dieu et dans l’hospice dit des Petites-Maisons.

Instituée d’abord comme succursale de Bicêtre et de la Salpêtrière, la maison de Charenton ne tarda pas à prendre une destination nouvelle. Des pensionnaires bourgeois y furent admis ; les militaires et les marins en activité de service, ainsi que les invalides frappés d’aliénation y furent envoyés. Un service administratif et un service médical comportant un nombreux personnel furent organisés. M. de Coulmiers régna despotiquement sur le tout, mais ce despotisme n’avait rien d’austère ni de dur, et, on peut le dire, M. de Coulmiers était chéri de tous ses administrés, employés et pensionnaires. C’était, en un mot, un gouvernement paternel, mais un peu relâché. Des réunions, des bals, des concerts, des représentations théâtrales furent organisés. C’est dans cet état de choses que de Sade devint un personnage important dans la maison de Charenton ; réunions, fêtes, bals, spectacles, tout était organisé par lui. Il choisissait les pièces, parmi lesquelles quelques-unes étaient de sa composition, assignait les rôles, présidait et dirigeait les répétitions.