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NOTES SUR M. DE SADE


ne dis que ce qui m’a été dit) le nom de Sade, témoigna la plus vive indignation de ce que cet homme n’eût point été séquestré. Il ordonna la réclusion de de Sade dans les prisons de Bicêtre, fermées en 1790, je crois, à l’époque de la suppression des ordres religieux. Ce ne fut, m’a-t-on dit ; qu’après beaucoup de démarches et de sollicitations qu’on obtint pour lui, et comme une très grande faveur, qu’il fût transféré à la maison de Charenton, qu’il ne quitta plus.

À cette époque, les aliénés n’étaient l’objet d’aucun soin. Seule, la plus profonde ignorance sur leur maladie pouvait, sinon justifier, au moins expliquer l’indifférence, pour ne pas dire plus, à laquelle, au mépris de tout respect pour l’humanité, ces malheureux étaient livrés.

Bicêtre et la Salpêtrière furent alors ouverts comme asiles d’aliénés, le premier aux hommes, la seconde aux femmes ; c’était, je crois, en 1794 ou 1795. Les soins de ces pauvres malades furent confiés au vénérable et illustre Pinel, qui devint alors pour les fous un véritable Vincent de Paul et fit, de l’aliénation mentale, une médecine, je dirais presque à part de la médecine en général.

Mais ces deux maisons furent bientôt insuffisantes ; restaient encore les fous des Petites-Maisons et ceux de l’Hôtel-Dieu. On avait, il est vrai, établi pour ceux-ci une salle commune, mais où rien de convenable n’avait été organisé, salle dont je puis parler, puisque je l’ai