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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


vient d’ébranler le trône de mon rival vous prouve mon acharnement dans le crime. Le ciel est juste ; Thuringe est sur le trône, et l’échafaud m’attend : faites-y couler mon sang. Vous devez cet exemple aux siècles à venir ; la postérité ne doit trouver que vertus dans vos fastes immortels : pressez-vous d’en effacer jusqu’aux traces de l’infamie. »

La condamnation de ce scélérat fut bientôt prononcée : il s’était accusé lui-même. Le spectacle de sa mort fut donné à toute la ville de Dresde, et son sang cimenta le trône du marquis de Thuringe, qui n’employa les longues années de sa vie qu’à rendre les Saxons heureux.

Cependant ces nouvelles, avec tous leurs détails, parvinrent bientôt à Adélaïde qui ne s’occupa plus dès lors qu’à presser sa retraite. Ses dernières dispositions furent en faveur de Bathilde et du baron de Dourlach, auquel elle devait tant de reconnaissance. Elle chargea le prince régnant d’acquitter les dettes de son cœur. Ce fut avec une profusion, une délicatesse infinies que Thuringe accomplit les derniers désirs d’une femme qu’il n’avait cessé d’adorer et à laquelle il conserva son cœur jusqu’au dernier soupir de sa vie.

La certitude qu’il remplirait les devoirs que lui prescrivait Adélaïde fut transmise à cette