le dire, rendant la princesse indigne du trône,
ainsi que Thuringe, son amant, m’y plaçaient
dès lors sans difficulté. Toujours dans les mêmes
vues, je fus l’instigateur des amours du margrave
pour Adélaïde et des dangers qu’elle courut chez
le brigand du mont Brenner. Des fils perpétuellement
tendus et qu’elle n’apercevait pas l’enveloppèrent,
par mes soins, dans la conspiration
de Contarino. Désespérant presque de la posséder
alors, je voulais du moins l’enchaîner à Venise,
jusqu’à ce que, montant moi-même sur le trône
de Saxe, les Vénitiens ne pussent me la disputer.
Combien croissait la masse des torts que je lui
composais alors aux yeux de la Saxe entière et à
ceux de son époux, tantôt par les réponses inquiétantes
que ce dernier reçut de Krimpser, tantôt
par un prétendu nécromancien dont je me servis
pour achever de déranger l’esprit de Frédéric
auquel je faisais, par d’autres moyens, perdre la
confiance de son peuple… Dernièrement enfin,
j’ai conduit le rendez-vous d’Adélaïde avec le
marquis de Thuringe, et je l’ai fait surprendre par
Frédéric, bien certain du combat, de son issue et
du testament qui en deviendrait la suite. La
noblesse et la grandeur d’âme d’Adélaïde ayant
déjoué mes projets, je n’avais plus que des poignards
pour les raffermir. La conspiration qui
Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/411
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK