comme le plus sage et le plus vertueux des époux.
En me nommant au trône, il me laisse le soin
d’y placer celui que vous et moi croirons le plus
digne de lui succéder : il a nommé Thuringe
en formant ce désir. Celui qui sut si bien vous
conduire à la gloire, qui, dans le cours des voyages
de mon époux, sut si bien tenir les rênes de l’État,
celui-là, dis-je, est le seul qui puisse remplacer
Frédéric. Mais en vous désignant Thuringe pour
son successeur, je ne puis cependant vous le
présenter comme mon mari. Frédéric est tombé
sous ses coups, et le sang précieux qu’il répandit
par cette victoire l’éloigne à jamais de moi. Les
torts du marquis de Thuringe, liés peut-être trop
malheureusement aux miens, ne me laissent plus
d’autre parti que la plus profonde retraite ;
souffrez que j’aille m’y ensevelir pour jamais.
Se dépouillant à ces mots des ornements qui la couvraient : « Trouvez bon, messieurs, continua-t-elle, que je remette en vos mains les attributs de ma grandeur. Je les laisse en dépôt à Thuringe ; qu’il en orne le front de celle qu’il choisira pour s’asseoir près de lui sur un trône qui ne peut être dignement occupé que par lui ; et si vous et lui, respectables Saxons, m’honorez quelquefois d’un souvenir auquel je n’ose pourtant pas aspirer, veuillez dire en prononçant le nom de celle qui