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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


hasard le règle souvent : vous devez donc vous nommer un successeur.

— J’y pensais, dit Frédéric, et voici quelles sont mes idées : je laisse, si je meurs, la régence de mes états à ma femme. Cette générosité la touchera ; quelques-unes de ses larmes couleront au moins sur mes cendres. Par le même testament, je lui enjoindrai d’épouser celui qu’elle croira mon meilleur ami… tu t’es nommé, Mersbourg, je le vois…

— Non, prince, cela ne se peut : dès qu’Adélaïde aime Thuringe, c’est lui qu’il faut nommer au trône.

— Je ne porterai point la grandeur d’âme jusque-là. J’aime à croire ma femme innocente, mais je ne puis voir Louis du même œil.

— Eh bien, que votre testament porte que la régente donnera sa main à celui qu’elle jugera le plus digne du trône.

— J’y consens !

Le testament s’écrit ; revêtu des formes exigées par les lois de ce siècle, il acquiert la force dont il est susceptible ; Frédéric le signe, et tout se prépare pour le combat.

— Madame, dit Mersbourg à la princesse chez laquelle il passa dans la matinée qui suivit l’événement sur lequel se fixaient les yeux de toute la