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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Thuringe séduirait ma femme !… Oh ! non, cela est impossible.

— Mon prince, j’ai tout découvert : celui qui vous amena pour épouse la fille du duc de Brunswick eût bien désiré la prendre pour lui-même. Tous deux formaient le même vœu, et tout ce qui s’est passé n’en est que le résultat. Le rendez-vous de la volière près de laquelle Kaunitz ne fut apposté que pour vous induire en erreur, l’incendie de Torgau et l’évasion qui en devint la suite, le voyage même dans lequel il engagea votre femme pour la soustraire à votre courroux, cette Bathilde qu’il plaça près d’elle pendant ses courses indécentes mais très utiles à ses projets, tout est l’ouvrage du coupable amour de votre cousin et de la perfidie de votre femme.

— Monsieur, s’écria Frédéric bouillonnant de colère, votre vie me répondra de cette imputation. Fournissez-moi des preuves de ce que vous me dites, et je vous comble de bienfaits ; si vous me trompez, l’échafaud vous attend.

— Quoique ce ne dût pas être par des menaces, monseigneur, dit Mersbourg, qu’il vous fallût recevoir la confidence que je viens de vous faire, je me soumets néanmoins à tout, si je ne fournis la preuve de ce que je vous dis. Les deux amants doivent se trouver ce soir près de la fatale volière