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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Ici Mersbourg se troubla sans fournir aucun éclaircissement de ce fait vraiment incroyable ; mais se remettant aussitôt de ce léger mouvement d’embarras :

— Allons, dit Mersbourg, il est temps de se séparer. Vous, madame, je vous conseille de rester encore ici cette nuit. Préparez-vous à revoir votre époux demain ; il faut que ce soit ici qu’il vous retrouve ; je lui réserve cette surprise, et nous en verrons les effets.

— Je l’avais prévu, monseigneur, dit le même jour le comte à Frédéric, nous avons été trompés à Venise : votre épouse est vivante, et c’est dans une hôtellerie de Frédéricsbourg qu’elle attend sa grâce de vous.

— Adélaïde respire !… Ah ! mon cher comte, pourquoi n’est-elle pas ici ?… Qui l’empêche de se jeter dans mes bras ?

— La crainte de vous retrouver les mêmes sentiments qui vous portèrent à l’enfermer dans Torgau.

— Peut-elle me les supposer ? C’est à moi, juste ciel ! de tomber à ses pieds, et quand Adélaïde souffre, il n’y a plus de coupable que moi.

— Monseigneur, avant de vous livrer à ces épanchements, réfléchissez aux soins de votre