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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


Père, dit-elle en prenant congé du saint homme ; mais malheureusement pour moi, je sens qu’elles ont besoin d’être méditées et je ne suis pas encore digne de vous.

Adélaïde demanda à Urbain ce qu’elle pourrait faire pour lui, quand elle serait rétablie sur le trône de Saxe.

— Rien, madame, répondit le sage directeur ; nos corps trouvent ici tout ce qu’il leur faut, et nos âmes ont la paix et la tranquillité que ne connaissent pas ceux qui ne vivent que dans le siècle. Si vous daignez nous revenir voir, vous mettrez le comble à vos bontés.

— Oui, oui, j’y reviendrai, dit Adélaïde avec une sorte d’abandon qu’elle ne put retenir ; j’y reviendrai, soyez-en bien sûr. Vous avez promis de me recevoir ; venez en prononcez le serment sur le tombeau de la princesse de Saxe.

Urbain fit la promesse désirée… Adélaïde, en y disant sa prière, ne put s’empêcher de verser des larmes, et les deux voyageuses regagnèrent, non sans une fatigue incroyable, l’ermitage où elles avaient laissé leurs chevaux.

— Que dis-tu de tout ce que nous venons de voir ? dit à Bathilde la princesse de Saxe, dès qu’elles se furent remises en route.

— À quel point j’en suis encore émue, madame !