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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Oui, dit-elle, oui, ma chère amie, nous sommes bien loin de cette perfection !

Cependant la sœur revint et dit à ces dames que les religieuses étaient à l’office, et que l’abbesse les priait d’y assister, en attendant qu’elle pût venir les recevoir elle-même.

Elles entrèrent donc. Mais de quelle touchante émotion elles se sentirent saisies l’une et l’autre à l’aspect de plus de cent femmes à genoux, les bras élevés vers le ciel, et récitant, dans cette attitude, ces mêmes paroles sublimes qui semblaient entrouvrir la voûte pour être plus tôt recueillies par l’être suprême à qui ces âmes pieuses les adressaient. Quelle ardeur enflamme Adélaïde quand sa voix récite, avec les autres, ce verset du 61e psaume :

« Que mes ennemis rougissent et soient remplis de crainte ; qu’ils se retirent très précipitamment et qu’ils soient couverts de confusion. »

Qu’Adélaïde est belle dans cette situation que caractérisent à la fois le repentir, la vengeance et la religion ! Ce n’est plus son âme qui s’exprime, c’est celle du roi prophète, quand il enfanta ce verset. On la regarde, on l’admire ; et les paroles suivantes impriment sur ses traits une touche différente de componction :

« Je reconnaîtrai ma faute ; je m’accuserai moi-