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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— On ne l’est pas avec une amie sincère, et je suis la vôtre pour la vie.

Le jeune homme continuait de pleurer ; Adélaïde essuyait les larmes de cet ami délicat et sensible.

— Ah ! mon cher Dourlach, lui disait-elle en mêlant ses pleurs aux siens, peut-être un jour votre main désirée par moi ne me rendra plus le même service !

— Vous malheureuse, madame, et je ne serais pas là ?… Par combien de tourments vous déchirez mon cœur !

— Mais qui sait si par des bienfaits je ne pourrai les adoucir un jour ?…

Ici, la princesse se nomma.

— Madame, dit le baron en se jetant aux pieds de cette souveraine, vos titres n’augmentent pas mon amour, mais ils ne lui enlèvent rien, et celui qui adorait la baronne de Neuhaus, demande à la princesse de Saxe le bonheur de lui consacrer ses jours.

— Comme ami, baron, comme ami : tout ce qui peut rester dans mon cœur de qualités aimantes est à vous à ce titre. Des malheurs m’ont écartée quelque temps de ma cour, j’y retourne. Vous viendrez, j’espère, y jouir des droits que vous donne à jamais sur Adélaïde la sincère et durable amitié qu’elle vous jure. Vous savez à quel point