Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
337
ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


mais que lui, n’ayant aucune envie de tenir une pareille promesse, était venu s’établir chez sa sœur d’où il avait écrit au margrave, en lui envoyant la démission de ses places, qu’il eût à jeter les yeux sur un autre pour l’exécution d’un soin que son honneur et sa conscience l’empêchaient de remplir, et qu’il n’avait eu l’air d’accepter que pour sauver sa vie… Un voyage d’affaires, ajouta le baron m’amenait du côté où j’ai eu le bonheur de vous trouver. Jugez maintenant, madame, si je dois m’en féliciter, puisque avec l’heureux événement que me préparait le sort, je retrouve l’espoir de vous déterminer, ne fût-ce au moins que par reconnaissance, à m’accorder un jour la félicité d’être à vous.

— Mon cher baron, dit Adélaïde, asseyez-vous un instant près de moi, et veuillez m’écouter avec attention.

Bathilde voulut se retirer ; sa maîtresse la retint.

— Placée en ce moment, dit Adélaïde, entre la reconnaissance et l’amour le plus tendre dont on puisse brûler, il est de mon devoir et de mon honneur de ne pas vous faire attendre un instant ma réponse. Je vous dois la vie, mon cher Dourlach je le sais ; et sans cette vie que vous m’avez conservée deux fois, que pourrais-je offrir à l’amant qui possède mon cœur ? Rien sans doute ;