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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


la vie de ces intéressantes créatures vont s’engloutir dans les entrailles de la terre. Le ciel est sourd à leurs cris, et c’est en vain qu’elles l’implorent, lorsqu’un cavalier, accourant au-devant d’elles, et prenant le côté du précipice pour contraindre la voiture à se resserrer au pied des monts, parvient, par cette manœuvre qui l’exposait lui-même, à calmer la fougue des chevaux de la princesse. Plus de dangers… Le cavalier, promptement à terre, se rend maître de la voiture, et le calme est partout rétabli. Mais quelle est la surprise de Mme de Saxe en reconnaissant son libérateur ! Hélas, ce n’était pas la première fois que Dourlach méritait ce titre auprès d’elle.

— Quoi ! Dourlach… Oui, c’est lui, c’est lui-même ! s’écrie la princesse.

— Ô madame, interrompt Dourlach en reconnaissant Adélaïde, quel est donc le nouveau bonheur dont je jouis, puisque après vous avoir sauvée des fureurs du margrave de Bade, je puis encore conserver vos jours dans une occasion aussi périlleuse !

— Ô Dourlach, c’est vous !…

Et Adélaïde se précipitant dans les bras d’un aussi cher ami :

— C’est donc vous !… vous, que je croyais victime de la barbarie du margrave. Qu’il est