dans lequel elle ne soupçonnait que des fureurs,
n’avait aucune part à tout ce qui venait de se
passer. Elle s’était bien effectivement trouvée
avec la femme de l’armateur dans la place Saint-Marc
le jour où Frédéric l’avait abordée ; c’était
bien elle que la peur avait fait aussi légèrement
évader ; mais aucun des événements subséquents
n’avait même été connu d’elle, et elle fit en conséquence
de son côté toutes les recherches possibles
pour découvrir les fâcheux projets de son mari,
afin de se tenir toujours dans une sage opposition
avec eux. Elle y travaillait sans relâche, lorsque
la signora Bianchi lui remit une lettre de Mersbourg,
qui, d’après les décisions qu’elle lui fit
prendre, mérite d’être rapportée :
« Vous sortez d’un très grand danger, madame, et j’ose dire, sans prétendre m’en faire un mérite à vos yeux, que c’est à moi qu’est dû le retour de votre tranquillité. Votre mari voulait vous faire enlever, et, servi par les protections qu’il avait trouvées dans le sénat, vous partiez inévitablement avec lui pour la Saxe où de nouveaux fers vous étaient préparés. Vous êtes la plus infortunée des femmes avec un tel époux. Vous n’imaginez pas la quantité de ruses que j’ai été contraint d’employer pour vous soustraire à ses fureurs ; je vous expliquerai tout