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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


Mersbourg, qui accompagnait le prince, serra la main d’Adélaïde et lui dit en italien :

— Méfiez-vous de celui qui vous parle.

Adélaïde ne doute plus que ce ne soit son mari qui vient de lui parler ; et continuant de s’exprimer en italien, elle dit au prince, en contrefaisant sa voix, qu’elle ne peut soutenir une conversation dans une langue qu’elle ne comprend pas. Mersbourg rend ces paroles à Frédéric, qui, transporté d’amour et de jalousie, s’écrie en allemand :

— C’est elle, mon ami, c’est elle ! je ne la quitterai pas qu’elle ne soit démasquée !

Ces paroles, traduites sur-le-champ, sont rendues à la princesse par Mersbourg qui y joint la plus forte recommandation à Adélaïde de s’échapper le plus promptement possible, attendu la fureur dans laquelle elle voit son mari, qui très certainement ne la cherche que pour la replonger dans les fers.

La femme de l’armateur, qui comprend tout l’embarras de la princesse, fait signe à plusieurs jeunes nobles qui composaient les groupes. Ils accourent, forment un rempart à celle qui veut fuir, et la jettent avec la signora Bianchi dans une gondole qui emporte aussitôt ces dames.

Que l’on juge ici de l’état de Frédéric : resté