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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


vous ôter la vie, ainsi que vous l’aviez mérité, on veut bien vous la laisser tranquillement terminer ici.

— Mais, demanda Adélaïde, pourrai-je au moins voir un conseil ou un ami ?

— Formez votre demande, dit le geôlier, je la porterai au Sénat ; on verra s’il y a lieu.

Et à l’instant Adélaïde, profitant de la bonne volonté de ce cerbère, demanda à voir Bianchi. Il parut au bout de huit jours.

Après avoir demandé à la princesse mille excuses de l’avoir introduite dans une maison dont il ne méconnaissait pas les dangers, il lui représenta qu’il ne lui restait d’autre moyen de sortir d’esclavage que de déclarer qui elle était.

La princesse y consentit et commença d’abord par se faire connaître à l’armateur qui, très surpris, et après avoir rendu à Mme de Saxe tous les respects qu’il lui devait, se hâta d’aller apprendre au Sénat de quelle importance était la prisonnière qu’il retenait dans ses plombs. Aussitôt un des membres de cette redoutable assemblée, suivi de Bianchi, vint recevoir chez la princesse et la déclaration de ses titres et la parole qu’elle donna de n’avoir été coupable, dans cette malheureuse affaire, que d’une imprudente curiosité…

— … Assez naturelle pourtant dans une femme