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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


votre père ce qui vous arrive : tel est le seul remerciement que j’attends de vous. Voilà les papiers qu’avait sur elle la personne qui vous accompagne. Mes soldats vous escorteront toutes deux jusque sur les terres de Venise : j’ai de fortes raisons pour vous prier, en ce moment, de ne pas prendre d’autre route. À l’égard du baron de Dourlach, il m’est impossible de pouvoir vous le rendre.

Et Krimpser expliqua à ce sujet les motifs qui l’obligeaient à le conserver : il devait, disait-il, le garder pour otage, et il expliqua à la princesse tout ce qui motivait cette précaution.

— Mais, monsieur, dit Adélaïde, c’est l’envoyer à la mort de le rendre à son maître.

— Ne craignez rien de cela, dit le chef, je vous réponds de ses jours.

— Lui témoignerez-vous au moins les regrets bien vifs que j’ai de ne pouvoir le mieux servir ?

— Je vous en donne ma parole, madame ; le sentiment de la reconnaissance doit être compris par celui qui vient de vous faire voir quel empire il avait sur son cœur. Vous en devez à Dourlach : j’acquitterai cette dette avec délice, désolé de n’en pouvoir faire davantage pour une princesse aussi belle, aussi respectable et dont je dois chérir le père jusqu’au dernier instant de ma vie.

Le principal officier de Krimpser parut.