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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Eh bien, fière créature, lui dit-il avec arrogance, oseras-tu me résister maintenant ? Qui imploreras-tu ? De quelle part te viendront des secours ?…

— C’est moi qui lui prête les miens ! s’écrie Dourlach, entrant impétueusement dans la chambre, une épée flamboyante à la main… Oui, c’est moi, c’est moi seul, homme indigne du nom de mon maître, c’est moi qui t’épargne un crime. Les forces de ton pouvoir s’éclipsent auprès de l’innocence outragée ; tu n’as nul droit sur cette femme ; et je l’arrache à tes odieux desseins.

Le margrave veut se défendre… Il est renversé par Dourlach ; il appelle à lui…

— Cesse tes cris et tes défenses, dit le baron avec énergie : le crime est toujours faible et rarement il est secouru. Je respecte ton rang, mais ton forfait me fait détester ta personne. Tout ce qui t’entourait t’a fui au seul récit de tes horreurs : laisse-nous te fuir également sans y mettre d’obstacle : tu reviendras libre quand l’innocence outragée par toi n’aura plus à craindre tes crimes.

Puis prenant Adélaïde par la main :

— Sortons, madame, lui dit-il, une voiture nous attend ; votre fidèle Bathilde y est déjà.

Et s’adressant au margrave effrayé :

— Pour toi, n’essaye aucune poursuite ; j’ai