— Comme vous seriez sûre de me faire une infidélité !
— Allons, permettez-vous-la, je l’absoudrai.
— Ah madame ! s’écria Dourlach, vous me rendez le plus heureux des hommes.
— Et que vous ai-je promis ?
— Ah ! n’affectez plus de la rigueur, après un aussi doux moment d’abandon : daignez accepter, madame, l’hommage du cœur le plus pur.
— Mais à quoi tout cela nous mènera-t-il ? Ne sommes-nous pas enchaînés tous les deux, vous par l’attachement et le devoir, moi par les droits les plus forts sur la faiblesse sans défense ?
— Aucun de ces liens n’est indestructible : je puis toujours aimer le margrave sans passer ma vie auprès de lui, et vous, madame, vous pouvez vous en éloignez toutes les fois que j’en voudrais prendre le soin.
— Mais comment continuerez-vous à donner des preuves d’attachement au margrave en lui ravissant celle qu’il aime ?
— Ah ! que de freins brise l’amour, et que je voudrais avoir de plus grands sacrifices à vous faire !
— Le premier que j’exige de vous est d’être plus sage ! Je ne repousse point vos sentiments,