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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


château, mais depuis cette époque, mon cœur n’est plus à moi.

— Il est donc venu vers ce temps quelqu’un capable de le séduire ?

— Oh oui ! madame, mais je saurai me vaincre, étouffer en moi des sentiments qui finiraient par le rendre fort à plaindre.

— Qui vous l’assure ?

— Votre conduite envers mon maître, madame : on vous imitera et l’on me rendra malheureux, comme vous le rendez le meilleur des princes de l’Allemagne.

— Mais la personne que vous aimez n’aura peut-être pas, pour résister à votre amour, les mêmes raisons qui me portent à rejeter celui du margrave.

— Je crains bien que ce ne soient les mêmes.

— Soit, mais vous n’aurez peut-être pas tant de peine à triompher.

— Jurez-le-moi, dit ardemment Dourlach, en se jetant aux pieds d’Adélaïde.

— Vous voulez que je me charge de faire des serments pour votre maîtresse ?

— Ah ! je me contenterais d’être aimé par vous comme je voudrais qu’elle m’aimât !

— Et si malheureusement j’allais vous aimer davantage ?