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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Parmi les personnes de considération que le temps de la fête attiraient à Francfort, se trouvait le margrave de Bade, souverain de cette partie de la Souabe dont les frontières sont baignées par le Rhin et dont les eaux minérales jouissent aujourd’hui de la plus grande réputation. Adélaïde, qu’il eut le bonheur de voir dans les réunions publiques, lui fit une telle impression qu’il en devint passionnément amoureux. Il s’informe ; on lui dit que celle qu’il aime est la baronne de Neuhaus, dont l’origine est inconnue. Fondant aussitôt l’espoir de son amour sur le mystérieux de l’aventure, il fit tout simplement prévenir Adélaïde de l’envie qu’il avait de lui faire la cour. La princesse irritée de cette façon légère de se présenter chez une femme comme elle, lui fit dire que, séjournant à Francfort pour sa santé, elle était dans l’intention de n’y recevoir personne. Rien n’irrite l’amour comme la résistance. Le margrave renouvelle ses propositions et n’obtient jamais que les mêmes réponses.

Cependant, il continuait de voir Adélaïde dans le monde, ce qui redoublait son amour au lieu de l’attiédir.

— Eh quoi ! madame, lui dit-il un jour dans l’allée détournée d’une promenade où il la vit seule, ne me sera-t-il donc jamais possible de vous